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les travailleurs. Et comme une cloche au loin laisse tomber en mineur un tintement, le chaudron est retiré…

Alors, les briquetiers enlèvent les sacs qui encapuchonnent les têtes et les bustes. Les chairs grises et flasques des femmes, le torse des gars, s’étalent, parsemés des filaments de chanvre que la sueur a collés à la peau.

Une odeur animale s’élève… C’est la pause. Dans les écuelles en bois, une vieille fait couler le contenu de la marmite, une mixture de croûtes et d’orge, une panade… Tout le monde a sa soupe, et il reste encore la part de Didier.

Sans rien dire, la femme remplit l’écuelle et l’enfant boit et mange comme les autres. Dans la bouillie, la cuiller creuse des trous qui se remplissent de vapeur. C’est bon : c’est un mortier avec lequel Didier se brûle la langue, tant il bâfre avidement. Ses compagnons mangent debout, ils ont bientôt fini leur pâtée, ils boivent de l’eau au goulot des bouteilles.

Didier râcle les parois de sa tasse, il les lè-