Page:Bonneff - Didier, homme du peuple.djvu/40

Cette page a été validée par deux contributeurs.

par des bras noirs veinés de rouge, tentacules de bêtes qui liquéfient leurs muscles au brasier, et se meuvent sous un cercle de flamme.

Didier les considère avec un étonnement craintif… La chaleur l’a fait reculer et à trois pas, il suit leur manœuvre. Ce qui frappe le plus le gamin, c’est ce silence et cette course dans le travail : ils arrachent les briques de la brouette comme des pillards enlèvent un butin, ils les dressent dans le four, ils élèvent un rempart de terre, et ils recommencent, pressés d’atteindre un but qui fuit devant eux, tandis que leur ardeur s’aiguillonne de cet éloignement continu. Parmi ces artisans, il est des garçons guère plus grands que Didier et ce sont les rouliers. Il en est dont les cheveux grisonnent sur le front et couvrent les yeux. Beaucoup ont le bonnet noir comme la créature qui, tout à l’heure, interpella Didier. Voici qu’un enfourneur quitte soudain sa place ; il revient bientôt au seuil du four portant dans ses bras un petit enfant. Alors il jette le sac qui pendait sur son dos, il ouvre