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— Je veux me chauffer et manger.

Et, regrettant sa hardiesse, il ajoute :

— Si vous voulez bien, monsieur.

Le « monsieur » s’éloigne, suivi du petit. Il arrive sous une voûte qui ressemble à une forteresse basse et l’enfant reçoit en plein visage un souffle chaud qui le pénètre et l’enveloppe. Il recule sous la caresse ; un reflet rouge l’entoure, la chaleur lèche le vagabond transi… c’est d’abord la peau, puis la chair, puis le sang même, tout à l’heure refroidi, figé, mortifié, qui revivent. Didier rit largement, respire avec force, pour que le feu coule dans son gosier et ses poumons.

Le four à briques se prolonge en galeries profondes. Un instant, Didier ne voit rien, tourne sur place, présentant au bain son corps de tous côtés. Pour un peu, il se roulerait sur le sol, tel un chien fol aux rayons du soleil. Puis, il aperçoit d’autres hommes ; accroupis, ils empilent des rectangles jaunes qui forment des murs, tandis qu’à l’autre extrémité, des compagnons dégarnissent le four. Ils semblent tous