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lop, les chaudrons sautent, s’entrechoquent et l’homme hurle :

— Au revoir, vieux, et bonne chance !

Didier secoue sa casquette où perlent des gouttes blanches. Il pénètre sous le hangar : la terre s’attache à ses pieds comme pour le retenir, des mares succèdent aux bourbiers, il avance, courbant le dos, grelottant, les mains bleues. Une sirène piaille au loin ; de sa gueule de briques une cheminée souffle une fumée compacte qui plane sur la bâtisse, s’accroche aux maisons, se disperse et s’évanouit vers la colline.

Le local semble inhabité, et Didier s’arrête, las de piétiner la glu. Une peur le saisit, il est seul… Un écriteau lance à la tête des passants une note inquiétante :

IL EST EXPRESSÉMENT INTERDIT D’ENTRER
DANS L’USINE
À MOINS D’AVOIR UNE PERMISSION ÉCRITE
DÉLIVRÉE PAR LE PROPRIÉTAIRE

C’est la faim et le froid — références proscrites — qui ont autorisé Didier à pénétrer dans la cour mouvante.