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avec leurs jardins enclos par des lattes. Un petit falot rouge comme une tête d’allumette éclaire des poutrelles d’échafaudage fichées dans un rond de ciment et les chiens qui tirent les chaînes hurlent et jappent à la nuit. La lune traverse des nuages qui brouillent sa clarté verte. Un bruit roule, grossit, une voiture passe avec un quinquet jaune : un cheval assoupi qui marche si doucement qu’on l’imagine tombant de sommeil avec son maître, le maraîcher dont la main mourante tient les rênes lâches au fond de la carriole. Dans le ciel tigré, les cheminées d’usine se détachent comme des colonnes sombres, tandis qu’au ras du sol, des feux brillent qui ressemblent à des vers luisants.

Didier a soif, sa langue se colle à son palais desséché, un bourdonnement chante à son cerveau. Il songe à retourner sur ses pas, mais il ne peut continuer sa marche : alors dans le caniveau il s’étend, les bras en croix, il mord un brin d’herbe amère, il ferme les yeux.

Le jour le réveille, un jour jaunâtre sous un