XXVI
Cent cinquante mille travailleurs accompagnent un dimanche le corbillard qui porte le cercueil au cimetière de Pantin. C’est un matin splendide. À peine sorti des rafales de mars, le printemps se pare de soleil. Les oriflammes des syndicats flottent sur la foule. Comme sur les trottoirs, derrière la police et la garde, il y a encore des hommes qui saluent le cortège par des cris révolutionnaires, puis des camelots qui vendent églantines et immortelles, c’est une cérémonie funèbre pleine de vie. Les habits propres des artisans témoignent qu’ils sont émancipés de la tâche ; voici le Comité confédéral et le drapeau de la C. G. T., le Conseil fédéral du bâtiment, le Conseil syndical des terrassiers, puis les milices immenses de l’industrie, les