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dance, il songe à sa souche, à ces rudes et tenaces paysans, à ces filles de la campagne, affinées par le séjour à la ville, ouvrières, femmes de chambre revenues aux champs, qui s’attendrissaient à la vue d’infortunes et, le dimanche, donnaient au vieux mendiant, non du pain sec, mais une tranche de gâteau. La patience, la probité des hommes, la douceur des femmes, tout cela mélangé avait produit le caractère de ce Didier, travailleur comme eux, enthousiaste et sensible comme elles.

Le souvenir de sa mère obsède le moribond. Il comprend que sa vie n’a pas été complète, puisqu’il a été privé de sa mère. Il cherche à s’en représenter les traits, mais, hélas ! elle a disparu depuis trop longtemps, tout est noir… Ce sont d’autres visages, à peine entrevus cependant, indifférents ou ennemis, les prisonniers du Dépôt, par exemple, qui s’imposent à la vision de Didier.

Cinq jours après son entrée à Tenon, Didier s’éteint sans agonie.