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Mais l’attention du petit est retenue par les personnes qui font la navette sur la place. Devant la balustrade du métro, les filles attendent leurs amoureux, des garçons qui travaillent dans le centre, beaux jeunes gens vêtus de complets en cheviotte, occupés par le commerce ou la banque, commis au Sentier pour le « gros » ou bien, ce qui est encore plus chic, employés de bureau, buveurs d’encre. D’autres filles, sans chapeaux, guettent leurs hommes, des compagnons qui travaillent aux Ternes ou à Levallois… Les omnibus encombrent la place que domine la belle mairie, quelques charrettes ambulantes rentrent au dépôt, traînées par des vieilles fourbues, tandis que les ménagères lambines, porteuses de filets, achètent les derniers légumes poussiéreux.

Didier sent qu’il va pleurer, mais il se retient parce qu’il a peur du monde… Ça fait bouger sa figure et il fait une grimace. La phrase : Tu bouffes le pain des autres, hurle à son tympan ; elle frappe son cerveau comme le battant d’une