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— Eh ! bien gardez-le, votre permis. Pour rien au monde, vous ne me ferez dire du mal de mon mari !

— Heureux Didier ! murmure le juge. Et dire que celui-là se plaint, trouve le monde mal construit. Tenez, Madame, le voici, pour vous et votre fille, le permis de communiquer avec le détenu.

Trois fois par semaine, au quartier des prisonniers politiques, Francine et Marie vont voir papa. Ces visites sont des fêtes. La mère et la fille peuvent causer avec lui dans la cellule pendant une heure, et la complaisance du surveillant permet de doubler la durée de l’entretien. Il faut le dire. Jamais ils n’ont eu, depuis cinq ans, de conversations aussi longues, aussi suivies. Cette remarque ne vient heureusement pas à l’esprit de Francine ! Quelle n’eût pas été son amertume de constater qu’il fallait le hasard d’une détention arbitraire, l’isolement d’une prison, les murailles si hautes, la rotonde, les barreaux impressionnants pour qu’ils pussent re-