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en traîtresses, les plus graves des hérésies grammaticales.

Il met aux mots le plus de consonnes possible : sa bonne volonté est indéniable, mais le résultat est désolant.

L’idée que le destinataire pourra sourire de la missive, partant railler le syndicat, emplit de honte le cœur du jeune ouvrier. C’est pour cela que le « magistrat » seul rédige les lettres. Mais Didier se procure un cours complet de grammaire et d’exercices à l’usage des aspirants au certificat d’études et, patiemment, il conjugue des verbes, il accorde des participes, il fait des compositions françaises. Cette besogne l’exaspère : il marque le pas sur place alors qu’il faut entrer en lice, se jeter dans la mêlée, provoquer les combattants qui jouent des parties terribles et signent des accords dont les ouvriers, ces belligérants endormis, font les frais.

Le conseil de révision surprend Didier en pleine besogne, mais ajourne son départ, les majors découvrant sa bronchite chronique.