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dressent à Dranis, l’interlocuteur de Didier.

C’est un médecin plein de gaieté et de finesse bonhomme. Il tutoie tout le monde, et s’il affecte dans son langage le laisser-aller, voire les incorrections, si ses manières sont bourrues comme celles du peuple, on sait qu’il est un savant et un lettré, deux fois docteur, sociologue estimé, soignant les malades du faubourg et défendant les grévistes devant les tribunaux. Le groupe est fier de ce tribun chez qui la simplicité est élégance, qui blague en argot, jusqu’au moment où la conversation s’engage sur le socialisme. Alors, aucun juron n’émaille plus son discours ; sa voix chaude vous retient et il atteint la grande éloquence, d’autant plus persuasive que, sous les paroles, on sent frémir la conviction du révolutionnaire. Mais lorsque vous êtes conquis, il dit en riant :

— Non, mais des fois, je ne vais pas pontifier et vous raser, avec les grands mots !

Il déteste le battage, comme il dit, et a refusé déjà les candidatures qu’on lui proposait en pro-