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tairement. Pourquoi chercher une direction ? l’amour les pousse et ce qui les guide c’est leur bonne étoile. Le sol est fait de feuilles tombées, les ans passés, dans lesquelles ils enfoncent doucement, ils boivent l’air parfumé avec les harmonies qui s’envolent de toutes les branches. Parfois le soleil troue le feuillage mouvant et précipite sur les mousses un ruisseau de piécettes éblouissantes. Alors les deux passants se trouvent enveloppés d’or. Mais tout de suite c’est la lumière atténuée et la fraîcheur. Aux endroits difficiles, quand on traverse des barrages de ronces, le terrassier la prend sur son dos. Ils éprouvent la joie de se sentir séparés du monde par l’épaisseur d’un bois, qui est aussi un monde, et malgré leur jeunesse, leur gouaillerie, leur insouciance, la majesté de la Forêt les imprègne d’une religieuse émotion. Les arbres qui soudent leurs racines pour prendre des forces et pouvoir élever jusqu’aux cieux leurs branches mêlées, la rangée des cimes, les arbres corpulents qui semblent se mesurer avec