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La rue Réaumur, au delà du boulevard, cesse de marcher droit, elle oblique soudain pour muser vers le Temple. Les amoureux l’abandonnent et prennent la rue de Turbigo. Mais les clameurs d’un phonographe leur imposent un arrêt dans une étroite boutique, où les chansons illustrées exposent en guirlandes les gloires du café-concert. Au centre de cette boîte à musique, se dresse une vaste embouchure qui souffle une rafale de sons au visage des auditeurs. Ils apprennent la romance du jour en la lisant à la muraille. Quand l’appareil est en repos, les notes suintent encore du plafond, la salle en est pleine, et c’est la joie des garçons qui, cherchant aventure, offre la Valse tendre ou le Sourire d’avril aux fillettes conquises.

Des mâts signalent la place de la République et les fauves de bronze qui veillent sur la Marianne. Des ballons électriques éclairent le fourmillement de la foule qui assaille le faubourg du Temple. Dans les kiosques à journaux les tenancières mastiquent des portions. Quelques