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— Avant dix-huit ans, il est inutile de travailler dans l’industrie ; après dix-huit ans, il faut devenir manœuvre terrassier.

Voilà pourquoi Didier, qui siffle à perte de souffle, va prendre, en ce juillet parfumé, le treuil au chantier de construction. Embauché la veille, son salaire de trente centimes l’heure l’émancipe de l’internat. Il peut loger et vivre à sa guise.

À la vérité, ce qui lui donne de l’entrain n’est pas le sentiment d’avoir gravi plusieurs échelons dans la hiérarchie sociale. À ceux qui n’ont pas de métier aimé, parce que longuement appris, le changement de profession est indifférent.

Didier est heureux parce qu’un grand amour emplit sa vie. Il est seul, et son amie marche à côté de lui. Il lui parle, il sourit à sa pensée.

Le travail du mousse est facile. Les compagnons terrassiers creusent une galerie, et Didier, avec un manœuvre, tourne le treuil qui ramène les déblais au jour.