Page:Bonneff - Didier, homme du peuple.djvu/180

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Didier grandit et, devant ses yeux d’enfant, la vie passe, brutale : à treize ans, il est un homme, il a une maîtresse, il siffle des chansons grivoises, et il écrase son nez aux vitrines lorsqu’il regarde les images d’Épinal que les journaux destinent aux tout petits. Il est candide, et rien ne l’étonne, car il a tout vu.

Mais le métier nourri ne peut procurer de gros appointements. Quand un commis demeure plus d’un an ou deux ans dans une maison, il faut le remplacer, car ses exigences croissent avec sa taille. Aussi la profession est-elle instable, et rares sont les chanceux qui deviennent chefs.

De graou, de boucher, Didier se transforme en garçon crémier. Ces nettoyeurs de flacons sont peu nombreux, car on leur préfère les demoiselles jolies et propres qui, seules, servent les clients, et qu’on choisit parmi la fleur des campagnardes. Didier revient à la boucherie, à la coupe, à la préparation de la viande, puis devient loufiat ou garçon de café.