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Pendant neuf ans, il a vécu dans une boutique et un escalier de service : c’est là qu’il apprit à connaître la vie et les hommes.

Dans les métiers nourris, il débuta par celui de graou, avec la protection de Mme Pélamorgues. Il faut savoir qu’un graou est un charcutier.

Didier, qui, pour être embauché dans le négoce, avait usurpé l’âge de onze ans, se vit enfermé, depuis cinq heures du matin jusqu’à neuf heures du soir dans une cuisine, réceptacle des graisses en fusion et en vapeur.

Mais seize heures de travail, une atmosphère de graillon, quels désagréments minimes, si l’on songe qu’il avait le couvert et le gîte assurés ! Il sut accommoder les chairs hachées avec les épices, resta deux années dans l’arrière-boutique et l’abandonna seulement le jour que, soudoyé par un camarade, il revendiqua le salaire mensuel de quinze francs — exigence repoussée par la patronne. Alors, il débuta dans la boucherie, ce qui est plus plaisant pour un jeune homme. En province, le boucher est un tueur de bétail ;