Page:Bonneff - Didier, homme du peuple.djvu/175

Cette page a été validée par deux contributeurs.

encombrent la rue. Les balayeuses, coiffées de paille, se montrent les premières. Puis, les boutiques s’éveillent une à une ; les portes cochères se meublent de bidons cabossés, et les fillettes viennent, qui portent le lait. Alors, les mansardes donnent signe de vie : à l’œil de bœuf s’encadre le visage ébouriffé des bonnes, tandis que les porteurs alertes traversent la rue, serrant sous leurs bras les paquets de journaux, et que les voitures à chiffons partent, chargées de tas et de marmaille.

Boulevard Magenta, un ouvrier cadence le pas en sifflant un refrain martial. Il a cette stature de l’adolescent « monté en graine », comme on dit. Il est vêtu d’un pantalon de velours tout neuf, et une ceinture de flanelle bleue s’enroule sur son ventre plat.

Ce passant est Didier, mousse de la terrasse à dix-huit ans.

En prenant l’ouvrage, ce matin-là, Didier change de condition.

Hier garçon, il est ouvrier aujourd’hui.