Page:Bonneff - Didier, homme du peuple.djvu/164

Cette page a été validée par deux contributeurs.

flamme d’une bougie qu’on promène au-dessus d’un goulot et par un concert de voix fortes.

Le camarade grogne :

— Ben quoi, c’est une retraite aux flambeaux !

C’est un voyageur venu tard que l’on conduit à la dernière paillasse. On l’entend grelotter dans sa couche, la bougie fait au plafond un cercle lumineux, une silhouette file sur le mur et l’obscurité s’abat de nouveau sur la masure et les êtres ensommeillés. Didier s’endort très tard, éprouvant un plaisir singulier à rester les yeux ouverts dans la nuit. Il aime à se conter des histoires, il se figure être le factionnaire qui veille dans un camp et protège toute une armée. Les récits qu’il bâtit le rendent heureux, font battre son cœur, si bien que le froid ne peut mordre son corps maigriot. Puis, sa pensée s’attache aux créatures qui l’ont approché et lui ont souri. Elles passent sur le chemin, le croisent et disparaissent. Jamais on ne les revoit, jamais le petit ne reverra sa jolie maman qui lui faisait des chatouilles sous les bras, qui