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C’est qu’il a une bonne place en perspective et une grande après-midi de liberté.

Il doit se trouver demain à huit heures rue Saint-Sébastien, à l’atelier des libérés repentis où M. Hudieux lui a réservé un emploi.

En attendant, c’est là qu’il dirige, tout guilleret, sa promenade. En chemin, il fait les choses interdites aux prisonniers. Il siffle, chantonne, pousse à coups de pied un chaudron, mais il évite les sergents de ville. Et la vue soudaine de la voiture cellulaire sautant sur les pavés de la rue éteint la joie tumultueuse du petit garçon.

Le lendemain, de bonne heure, il est à la maison des repentis.

Le demi-jour de l’aube hivernale emplit l’atelier. Les vitres sont décorées de fleurs apportées par le givre. Un économe, noir comme un croque-mort, le pointeau, délivre à Didier un jeton qui ressemble à une médaille gagnée au champ de foire. Lorsque l’enfant, pour se rendre à son établi, traverse la salle, une rangée de têtes se retournent, des bras s’étendent et