Page:Bonneff - Didier, homme du peuple.djvu/150

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Martyrs. Elles rient, en canailles, et leurs regards vont à la bande de voyous qui stationnent au fond du prétoire.

Pour voir juger leurs femmes, ceux-ci ont fait un brin de toilette : respectueux de l’autorité, ils ont mis une chemise propre, bleue ou rouge à raies blanches, serrée au col par un bouton de fer, et puis leurs souliers vernis à bout Carnot. Ils tortillent leurs casquettes plates à longues visières vernies, ils sont silencieux, se tiennent bien, mais les petites qui ont aperçu leurs maîtres manifestent en frétillant la joie de les revoir, après deux mois d’incarcération. Joie naïve qui s’exprime en signes de tête, en grands baisers. Désir immense de « crâner » devant les hommes, de montrer qu’elles n’ont peur ni du garde qui les rappelle à l’ordre en leur donnant des tapes sur les bras, ni des juges qui perdent tout doucement patience.

— Assez !

Le président a frappé rageusement sur la table. Et il appelle :