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aujourd’hui lorsqu’un gardien pénètre dans sa cellule.

Il vient pourtant de causer avec un détenu. C’est le matin : deux enfants sont désignés pour accomplir une corvée de literie.

Dans son hébétude, Didier qui est de l’équipe n’entend même pas les paroles que lui adresse son compagnon, un frêle garçon si drôlement bâti qu’en d’autres temps l’orphelin n’eût pas manqué de rire au nez du malheureux.

Il était grand, ployant la nuque comme s’il recevait une permanente averse de coups. Mais ce qui le rendait surtout ridicule, c’était sa face d’où le menton avait fui, laissant en plan le nez pointu après lequel venait le cou, tout de suite. L’ensemble donnait l’illusion d’un bonhomme en bois, sculpté au couteau et laissé pour compte avant d’être fini.

Il dit :

— Combien que tu comptes encore ?… Moi, je n’ai plus qu’une semaine à tirer.

Didier fait un effort pour répondre, mais est--