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cognes et les gens de l’endroit. Puis sa haine s’étend comme de l’huile. Il déteste les Belges, le père et la mère Voisin qui l’ont abandonné, les gosses qui vivent hors des prisons. Il devient méchant et jaloux, il se représente des scènes de vengeance, il rêve qu’il se bat et qu’il est le plus fort.

Il tourne dans sa chambre, il essaie d’ouvrir la fenêtre qui résiste. Il considère, au-dessus, le petit guichet d’aération et rêve de suicide. Puis, il s’étale sur sa couchette. Les tiraillements d’estomac le redressent, il a déjeuné par cœur au Dépôt. Mais il savoure le plaisir de se laisser mourir de faim et, par sa mort, de punir ses ennemis.

Il s’approche, puis il s’éloigne de la gamelle où nagent des aliments. Il constate que son désir s’aiguise au fur et à mesure qu’il lui résiste. Pour être victorieux, il ne faut pas affronter la tentation, car la combattre, c’est songer à elle, il faut l’empêcher de siéger dans l’esprit et fixer sa méditation sur un autre objet.