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revêtu l’uniforme, on a coupé ses cheveux. Tout disparaît devant l’idée qui envahit son cerveau.

Il veut se détacher complètement des choses et des gens qui l’entourent, il ne veut plus répondre aux questions de ses maîtres, il ne veut plus manger… Il découvre l’injustice des hommes, et il en meurt. Il traduit les sentiments qui l’étreignent en disant :

— On a triché avec moi !

Si le cogne avait ramassé Didier sur la voie publique, pensait-il, rien de plus naturel, rien de plus juste qu’on le menât en prison. Mais ce qui révoltait Didier, c’est qu’il s’était adressé lui-même à l’agent : il lui avait demandé un renseignement et l’autre l’avait mis en arrestation. Quand on est perdu dans Paris, on demande le bon chemin au sergent de ville qui ne vous coffre pas. L’agent avait coffré Didier. Il avait triché, triché, triché et Didier voulait mourir.

Il répète cela dans les heures. Un sentiment nouveau le pénètre et lui fait du bien : la haine.

Il a plaisir à se sentir isolé et à détester les