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mains liées, des femmes aux yeux insolents, d’autres aux claires toilettes souillées de boue. Il entend des cris pointus. Puis, un geôlier ouvre un battant, et l’enfant, guidé, enlevé, poussé, clôt les paupières et ne pense plus.

Ce nom de Dépôt est bien choisi, car la mer bouillonnante qu’est la ville dépose là sa vase et ses débris, la fange de ses rues et de ses trottoirs.

Didier se retrouve, au matin, sur un banc avec des compagnons hirsutes et il reçoit comme une gifle la vague d’odeurs que dégagent les habitués et la salle du Dépôt.

Puanteurs faites de crasses, de suées, de vomissures. Didier, enfant du peuple, né dans les galetas, s’était nourri des plus grossières nourritures, avait habité les soupentes à punaises et supporté toutes les rudesses de la vie des gueux. Mais ce pauvre, cet endurci, avait un olfactif d’aristocrate. Une odeur l’eût fait défaillir, celle du Dépôt l’étourdit. Il arrête une minute sa respiration pour ne point saisir le souffle des corps