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tiraille son bras et que la voix grasse d’un agent s’élève :

— Amène-toi !

Une voiture grillée stationne au trottoir. À l’arrière, en vigie mélancolique, un soldat lorgne la rue à travers le carreau. En reconnaissant le panier à salade, Didier se demande s’il rêve ou s’il déraille, mais déjà la carriole est en branle, file, rapide comme un convoi de pompiers, saute sur le pavé et, cage roulante, ramasse du gibier à tous les postes.

Chaque cahot fait trembler l’enfant et lui donne un petit coup au cœur, une secousse d’inquiétude. Il se sent enveloppé par une force, emporté vers des gens rudes qu’il voit en fermant les yeux ; il a l’impression de serres qui griffent ses vêtements, empoignent sa chair et sa poitrine. Cela dure, la voiture traverse un pont, des guichets… Un heurt plus violent que les autres, elle est arrivée.

Didier voit grandir des ombres qu’on escorte et qui disparaissent, des hommes qui ont les