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théâtre de Belleville, et Didier bénéficie gratuitement des entr’actes. La rue Desnoyers forme un boyau rempli d’odeurs oléagineuses dispersées par les chaudrons des marchandes qui détaillent, avec des frites mal épluchées, de croustillants beignets. Le boyau Desnoyers se jette dans la rue de Belleville, un fleuve qui charrie les petites voitures traînées par les saisonnières. Didier mène la grande vie : il se paie les plaisirs des riches, les douches à six sous, les glaces roses à deux sous dans des godets en pâte qui ressemblent à des chapeaux de clowns, il regarde passer les bateaux sur le canal, il suit les soldats qui font l’exercice sur les fortifications ; à quatre heures, sortie des écoliers, il joue à la claque avec les copains ; à sept heures, il se fait servir une demi-portion chez le marchand de vins, boit de l’aramon, fume même une cigarette. À huit heures, il se couche et dort jusqu’à sept heures du matin. À ce régime-là, le pécule file, mais le jeune garçon voit sans regret disparaître le salaire