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— Tu veux, fils ?

Didier montre sa lettre que le chef d’équipe épelle en se chatouillant le nez.

— As-tu été à l’école ? dit-il.

— Oui.

— Alors, tu sais tirer des lignes, tu vas me rayer une rame de papier blanc. T’auras pas fait un voyage inutile. Je te donnerai vingt sous et puis tu t’en iras. Ne reviens pas avant dix ans d’ici. À ce moment-là, je t’embaucherai, t’auras l’âge !

Didier fait des traits, puis il époussette le bureau et en le congédiant, le père Trapp lui donne quarante sous, avec le conseil d’embrasser la profession d’acrobate, la seule permise à un môme de huit ans.

Il marche à grandes enjambées, traverse le Landy le long des quadrilatères d’usine, des mornes alignements de cheminées qui distillent les fumées fétides, les vapeurs d’engrais, les boues et les excréments de la ville. Tête vide, somnolent, il va sur Paris. Il fait le trajet en deux