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On feroit un volume aussi gros que le sien.
De censurer autrui faut-il donc qu’il se pique ?
Il pourroit beaucoup mieux emploïer sa critique :
Car au lieu de s’en prendre à tant de beaux esprits,
Il n’a qu’à travailler sur ses propres escrits.
Ses partisans peut-être auront droit de me dire,
Que je ne connois pas le fin de la satyre,
Que sa prose, et ses vers brillent de cent beautez ;
Non, je n’ignore point ses belles qualitez,
Et méme je le crois avec toute la terre
Autant historien, qu’il est homme de guerre.
Ah ! Sans doute on a tort de ne pas imiter
Ce bel esprit qui veut se faire redouter,
Qui pretend se parer d’une haute sagesse,
Et regenter toûjours aux rives de Permesse,
Heros parnassien, dont les vers inoüis,
Font grace à tout le siecle en faveur de Louis.
Oüi, la posterité chantera les merveilles
De ce fameux censeur, et de ses doctes veilles,
Et je ne doute pas qu’on ne mette à la fin
Sa statuë à cheval sur un vaste lutrin.
Moi qui n’aspire point à ce degré de gloire,
Apprentif tout nouveau des filles de memoire,
Je tâche de regler mes chansons sur leurs chants,
Et c’est, mon cher Damon, ce que je fais aux champs.