Page:Bonnecorse - Lutrigot, 1686.djvu/5

Cette page n’a pas encore été corrigée

ÉPÎTRE À DAMON

Tu dois toûjours goûter les plaisirs de la cour,
On y void aujourd’hui tes vertus en leur jour,
À tous les beaux esprits, tes muses y sont cheres ;
Mais les miennes, Damon, y seroient étrangeres,
J’y vivrois en contrainte, et j’y perdrois le temps,
Ne me presse donc point d’abandonner nos champs.
Tous mes sens sont charmez de l’air que j’y respire,
Mon toict rustique, et bas m’y tient lieu d’un empire,
Et je le prise plus que ces vastes palais,
Où la felicité ne se trouve jamais.

Du peu dont j’ai besoin, ma retraite est pourvûë,
Sur cent objets divers, je puis porter la vûë.
De là je vois au loin des costaux toûjours verds,
Qui d’oliviers touffus sont richement couverts,
Je découvre des bois, des campagnes fleuries,
Des hameaux, des vergers, de riantes prairies,
De tranquiles canaux, pleins en toute saison,
Dont l’onde vient couler autour de ma maison.

Si nous devons chercher loin du bruit, et du monde
Un sejour où l’on vive en une paix profonde ;
En quel lieu, pour joüir d’un repos assuré,