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Mon ame maintenant ne peut être alarmée,
Le poids de vos escrits ne sçauroit m’accabler,
Et ma plume est en droit de vous faire trembler.

Le doux présentiment de sa gloire future
À l’endormir bien-tôt aide enfin la nature,
Il s’étend mollement ; mais à peine ses yeux
Goûtent le plein repos d’un sommeil gracieux,
Que ce dieu qui de rien forme à son gré les songes,
Qui flate les humains d’agreables mensonges,
Lui parle des beaux airs qu’il devoit entonner,
Lui fait voir des lauriers prets à le couronner,
Le triomphe fameux que le ciel lui destine,
Le corps demi brizé d’une enorme machine,
Les travaux inoüis d’un vaillant horloger,
Une bataille affreuse où l’on doit s’engager,
Des autheurs supliants que sa verve menace,
Et le siecle à genoux qui lui demandegrace.