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Ô trop fatale nuit ! nuit de deuils et d’alarmes,
Qui navra tant de cœurs, fit couler tant de larmes !
Éternel aiguillon d’éternelles douleurs !
Des mères, des enfants, réveil inconsolable !
Et d’un triple cercueil aspect trop lamentable
À nos yeux ruisselants de pleurs !

Pauvres petits, brisés au seuil de la carrière,
Vous dont l’accent plaintif n’est plus qu’une prière,
Un Père encor vous reste,… et ce Père, c’est Dieu !
Invoquez-le, petits ! son regard vous protège,
Alors qu’aux chers défunts nous donnons le cortége
D’un tendre et solennel adieu.

Âmes des gens de bien, par ma voix implorées,
Plaignez ces orphelins, ces veuves éplorées,
Que d’un crêpe sanglant couvre la pâle Mort !
Et, tandis que le Ciel couronne les victimes,
Des survivants, sevrés de leurs bonheurs intimes,
Adoucissez le cruel sort !

Vous tous à qui sourit la fortune prospère,
Enfants qui, chaque soir, embrassez votre père ;
Épouses, dont la main tient la main d’un époux,
Oh ! de grâce, au malheur accordez votre obole !
Et le centuple d’or, — selon la Parabole, —
En flots purs descendra sur vous !