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En glaçant les mortels d’une terreur profonde,
Depuis le Déicide, à la face du monde,
D’âge en âge redit cet accent généreux :
« Père ! ils ne savaient pas… grâce, grâce pour eux !! »

Nous te saluons donc, ô Robe sans coutures,
Que Marie à Jésus tissa de ses mains pures,
Comme Anne, en bénissant le Seigneur d’Israël,
Avait ourdi le lin pour son fils Samuel ;
Comme, d’un doigt tremblant, une sœur, l’œil humide,
Pour un frère guerrier façonnait la chlamyde.
Vous qui, dans un transport que l’orgueil excita,
Avez le plus maudit celui qui la porta,
Les premiers avancez ! d’une coupable ivresse
L’excès provoquera l’excès de la tendresse :
Plus le trait de l’offense apparaît odieux,
Plus se fait l’offensé miséricordieux.
De la Religion, des mystères augustes
Fidèles défenseurs, venez aussi, vous Justes,
À ce puissant contact retremper votre foi ;
Tous enfin, contempteurs ou sujets de la Loi,
Femmes, enfants, vieillards, adultes, chastes vierges,
Vers l’habit saint qui luit en un soleil de cierges,
Approchez !… car de là s’échappe une vertu
Qui guérit le blessé, relève l’abattu ;
Aux bons, que des méchants persécute la rage,
Apprend à savourer et l’injure et l’outrage ;
Du morne désespoir, tombeau de la raison,
Par un baume invisible amortit le poison ;
Rappelle à l’innocence une âme déflorée ;
Console et l’orphelin et la veuve éplorée ;
Du sage, en cet exil, affermissant les pas,
Le conduit calme et fort aux portes du trépas ;
Inexpugnable égide, au sein de la famille
Garde pur à sa mère un cœur de jeune fille,