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LE BHOUTAN INCONNU. 77

autres habitants du Bhoutan, y compris les Lepchas, c’est-à-dire la grande majorité, sont des adeptes du bouddhisme lamaïque.

Le nom même du Bhoutan indique sa dépendance du Tibet, auquel il a été d’ailleurs souvent appliqué par les premiers voyageurs européens[1]. Schlagintweit le fait dériver en effet du sanscrit Bhotanta : « l’extrémité du Bhot » ou Tibet (littéralement l’allemand Bhot-ende, l’anglais Bhot-end). D’après Hodgson et le général Cunningham, ces mots de Bhot et de Bhotanta ne remonteraient pas à une haute antiquité : lorsqu’à la fin du xxiie siècle de notre ère le bouddhisme fut balayé de l’Inde par l’invasion des musulmans afghans, ses adeptes cherchèrent un refuge au delà des montagnes, où leur religion avait été prêchée dès le viiie siècle et où les fanatiques soldats de Mahmoud de Ghazni ne les pouvaient atteindre ; et c’est eux qui auraient donné le nom même du père de la doctrine au pays devenu en tibétain Bod-youl, la terre du Bouddha. Cette explication ne rend pas compte de l’aspiration qui suit le B initial des mots Bhot et Bhoutan, et il semble bien que le nom même des Bhoutias, par lequel les Hindous désignent également les habitants lamaïques du Tibet, du Nepâl et du Sikhim, remonte beaucoup plus haut que l’apparition du bouddhisme

On le trouve en effet sous la forme Bhodja dans les livres sacrés de l’Inde brahmanique : ces Bhodjas sont, il est vrai, rangés parmi les tribus védiques,

  1. La première mention du Bhoutan et de ses habitants par les Européens me paraît due au voyageur anglais Ralph Fitch, qui visita l’Inde en 1583 et cite à propos du commerce de ce pays avec le Tibet les noms de Bootanter et de Booteah.