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74 LES ROYAUMES DES NEIGES

s’élèvent brusquement à des cotes de 400 mètres, séparées par des combes recouvertes par la forêt et la jungle, pluvieuses, brumeuses et fiévreuses : c’est le rebord du plateau, contigu et analogue au Teraï indien ;

2o La région des plateaux, fonds d’anciens lacs glaciaires s’étendant au-dessus de ce rebord, entre 1 200 et 3 500 mètres en moyenne. C’est la partie saine, fertile et habitée du pays ; tous les centres importants y sont placés, reliés entre eux par la seule bonne route du Bhoutan qui le traverse entièrement de l’Ouest à l’Est : les deux capitales, Punakha, à 1 222 mètres, Tachicho-djong (Tassisoudon des cartes) à 2 225[1], puis Paro à 2 361, Tongsa à 2 050 ;

3o Les hautes vallées au pied des monts aux neiges éternelles, entre 4 000 et 6 000 mètres d’altitude, dominées par des pics atteignant 8 000 mètres : c’est uniquement un terrain de pâturages, dont les alpages ne sont fréquentés que pendant l’été par les pasteurs et leurs troupeaux.

Il faut mettre à part la bande de territoire, tout à l’Est du pays, traversée par le grand sillon de la rivière Kourou ou Lhobrak qui prend sa source, non comme les autres en deçà de la barrière himalayenne formant la frontière septentrionale du Bhoutan, mais au Nord, dans le système transhimalayen qui serait peut-être plus élevé que l’Himalaya lui-même. Ce sillon, correspondant à celui qui traverse à l’Ouest le Sikhim et creuse le lit de la Tista, permet à la mousson du Sud de pénétrer plus profondément dans

  1. Le nom tibétain exact est : Bkra-chistchôs-rdsong, qui signifie littéralement la Citadelle-de-la-Doctrine-de-Bénédiction (G. C. Toussaint).