Page:Bonin - Les royaumes des neiges, 1911.djvu/95

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LE BHOUTAN INCONNU 73

Telle est du moins la limite septentrionale que lui assigne M. White et qu’il dit résulter de ses explorations, alors que les géographes considéraient jusqu’ici cette limite comme formée par une ligne imaginaire tirée à vol d’oiseau du Chomalhari au Koulougangri, ce qui réduisait à un trapèze la figure cartographique du Bhoutan : on conçoit l’intérêt qu’ont aujourd’hui les Anglais à lui attribuer cette pointe vers le Nord, qui fait coin dans le Tibet central et permettrait au besoin un mouvement tournant pour couper la route des Indes à Lha-sa par le Sikhim. De ce dernier territoire, en effet, le Bhoutan est presque entièrement séparé par la vallée de Chumbi, récemment évacuée par les soldats anglo-indiens qui l’occupaient depuis l’expédition de 1904 et rendue aux Tibétains, en sorte que le Sikhim et le Bhoutan n’ont plus de limites communes que sur une vingtaine de milles, du Jelep-la au parallèle de Phedong.

Ce territoire ainsi délimité a été, par la nature, divisé en trois zones dans le sens des parallèles, en deux dans le sens des méridiens. Les trois premières zones comprennent :

1o La ceinture de hauteurs qui des plaines de l’Inde


    rien de semblable et l’a trouvée entièrement sous la juridiction d’un même chef laïque, le gouverneur de Tongsa. Il n’y a eu d’autres lamas-radjas au Bhoutan que les deux souverains : le Dharma-radja et le Deb-radja, et il semble bien qu’il faille rayer de sa géographie les « Bhots abbatiaux » comme les appelle Reclus ; c’est plus à l’Est, de l’autre côté de la frontière, qu’on trouve de semblables organisations, tels les domaines de la lamaserie de Tchona-djong et, sur les confins sino-tibétains, ce royaume des lamas jaunes (en chinois Hoang Lama) que j’ai visité et traversé pour la première fois en 1895 sur la route de Tali à Tat-Sienlou, et qui a la lamaserie de Meli pour capitale et le supérieur de celle-ci pour roi.