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LE BHOUTAN INCONNU 71

layenne, beaucoup ont pu comme moi-même contempler les montagnes qui forment sa frontière, surplombant les abîmes où flottent les grands voiles de vapeur qu’un coup de vent ou un rais de soleil vient déchirer par instants sur le prodigieux spectacle ; mais le nombre des voyageurs qui ont franchi cette frontière se peut compter sur les doigts : six missions, toutes anglaises, depuis la fin du xviiie siècle jusqu’à nos jours, deux d’entre elles, celles de Hamilton et de White, ayant pénétré plusieurs fois au Bhoutan. C’est à elles que nous devons les rares renseignements résumés et complétés dans le livre[1] qu’a fait paraître le dernier de ces explorateurs, le même qui a joué le rôle le plus direct et le plus important dans les événements actuels ; mais avec une modestie qu’explique ses fonctions officielles il ne parle guère de sa mission qu’en géographe et en touriste, et pas toujours aussi explicitement qu’on le désirerait[2]. Les sources indigènes nous font défaut, n’ayant été ni recueillies ni étudiées encore, et l’exploration du pays n’a pu être menée loin par les diplomates ou les officiers qui n’y ont guère passé chaque fois que quelques semaines, en suivant presque toujours les mêmes chemins[3].

  1. J. C. White, Sikhim and Bhutan, Londres, 1909.
  2. C’est ainsi que, parlant des passes qui conduisent du Sikhim au Bhoutan, M. White en énumère six par leur nom et « une autre » qu’il dit avoir traversée également : il serait intéressant de mieux connaître cette passe non dénommée, qui n’est pas marquée non plus sur la carte de ses itinéraires, quand on sait les difficultés que le corps expéditionnaire anglais en 1904 eut à faire passer ses hommes et ses approvisionnements par le Jelep-la d’abord, puis, quand il fut fermé le 11 juin, par le Natou-la ; n’y aurait-il pas là une meilleure voie d’accès au Tibet ?
  3. Bibliographie du Bouthan : 1o Aitcheson, Treaties and