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LE BOUTHAN INCONNU 69

diriger l’éléphant royal passe et repasse du maharadja au brigand — mais qui le touche en mourra.

Aussi bien certains de ces événements sont-ils de la plus récente actualité : un court entrefilet, daté de Calcutta et paru dans les journaux anglais à la fin de mars 1910, a permis de savoir qu’ « en vertu d’un amendement au traité entre l’Inde et le Bhoutan, ce dernier état recevait désormais une subvention annuelle de cent mille roupies à partir du 1er janvier 1910. En échange, le Bhoutan a consenti à ce que tout ce qui a trait à ses relations extérieures fût confié aux Anglais. Ceux-ci ne devront intervenir d’aucune façon dans les affaires intérieures du Bhoutan et, dans le cas d’un différend qui pourrait s’élever entre lui et le Sikhim ou le Koutch Bihar, les Anglais seront choisis comme arbitres.

Aucun commentaire, au moins dans la presse française, n’a accompagné une nouvelle communiquée avec tant de réserve et présentée comme un simple amendement apporté depuis plusieurs mois déjà à un traité précédent. Il vaut cependant qu’on s’y arrête, car, s’il y a dans ce nouvel arrangement d’une part certaines confirmations, de l’autre certaines modifications d’un état de choses préexistant, une clause toute nouvelle y apparaît, qui confie à l’Angleterre le privilège d’assurer les relations extérieures du Bhoutan : par là, celui-ci est placé sur le même pied que les principautés vassales de l’Inde, le Nepâl et l’Afghanistan, qui ont consenti à l’Angleterre le même avantage en acceptant d’être pour leur statut international « contrôlés » par elle ; et ainsi le lien qui de longue date rattachait le Bhoutan au Tibet et par le Tibet à la Chine se trouve définitivement rompu.