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96 LES ROYAUMES DES NEIGES

procédait avec autant de douceur que de prudence ; mais, ayant dû se débarrasser des favoris de son prédécesseur, il s’était créé de ce côté de fortes inimitiés qui, le croyant faible, prirent bientôt la forme d’une rébellion ouverte. Les envoyés anglais furent témoins de cette petite guerre dirigée par le gouverneur d’Angdou-phodang, place que Turner appelle Wandipore ; mais bien que les révoltés fussent venus menacer le palais même de Tachicho-djong, leur manque d’armes, de discipline et de tactique les fit battre par les soldats levés en hâte par le Deb radja, soldats qui n’étaient d’ailleurs pas beaucoup mieux équipés ni exercés que leurs adversaires.

Le gouverneur d’Angdou-phodang, assiégé à son tour dans sa forteresse, fut abandonné par ses partisans, et le Deb radja, qui se rendit sur place pour rétablir l’ordre, invita les trois Anglais à l’accompagner jusque-là, d’où il les envoya visiter Punakha, sa capitale d’hiver et son séjour favori. Au retour à Tachicho-djong, le gossaïn Pourounghir, qui avait été envoyé en avant pour négocier l’entrée de la mission au Tibet, rapporta des lettres du régent de Trachiloumpo, qui soulevait des objections à sa venue ; les Tibétains finirent cependant par autoriser l’entrée de deux Anglais d’après le précédent établi au temps de Bogle, mais en menaçant simplement de tuer le troisième s’il se présentait. Si peu encourageant que fût cet accueil, Turner, suivi du seul Dr Saunders, se mit en route en septembre pour gagner à l’Ouest la vallée de Chumbi, Phari-djong et Gyangtse, itinéraire que devait suivre, cent trente et un ans plus tard, le colonel Younghusband et sa petite armée venant des Indes.