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LE BHOUTAN INCONNU 95

qu’en 1854, date de sa mort. Il est remarquable que les pontifes de Trachiloumpo qui, en dehors du précédent chargé de la régence du Tibet, n’ont pas à intervenir dans les questions politiques vivent beaucoup plus longtemps que ceux de Lhasa et du Bhoutan, qui mêlent le souci des affaires temporelles à leurs devoirs spirituels.

Le gouverneur du Bengale, ayant appris la réincarnation de son ami, ne manqua pas cette occasion d’envoyer une nouvelle mission au Tibet. Le choix de son chef ne fut pas moins heureux que la première fois : il se porta sur son propre cousin, le capitaine Turner, qui, de même que Bogle, nous a laissé un intéressant récit de son voyage. Turner se mit en route au début de 1783, accompagné du lieutenant Davis, dessinateur de la mission, qui rapporta un album de vues remarquables, du Dr Saunders et du gossaïn Pourounghir.

Ils entrèrent au Bhoutan par la passe de Baxa et suivirent la même route que Bogle jusqu’à Tachichodjong. Le Deb radja, qui avait donné des ordres pour faciliter leur voyage, les reçut et les traita avec bienveillance, malgré une certaine défiance qui perce à travers le récit, très favorable pourtant, de Turner ; quant au Dharma radja, il n’apparaît pas une fois dans cette relation et son nom n’y est même pas prononcé.

Le Deb radja, qui prenait dans ses lettres le nom de Nambar-deo, en y joignant ces titres : « le plus grand, le très haut et plus puissant lion de l’univers », était le successeur de ce Deb Jidar qui avait amené la guerre entre son pays, le Sikhim et le Koutch-Bihar, et la première intervention anglaise au Bhoutan. D’un tout autre caractère, Nambar-deo