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94 LES ROYAUMES DES NEIGES

l’Indoustan. Le Lama aceepta cette dernière proposition et témoigna à l’Empereur beaucoup de reconnaissance. »

Il n’eut pas le temps de voir la réalisation d’aussi bonnes promesses : au sortir d’une de ces audiences impériales, il fut pris d’une fièvre violente qui l’emporta en quelques jours. Sa mort fut attribuée à la variole qui sévissait alors à Pékin, mais le fait que l’Empereur vint le voir alors que la maladie était déjà déclarée et mit son fils aîné près de lui pour le soigner laisse supposer que Kien Loung savait à quoi s’en tenir sur la véritable nature du mal. Il eut d’ailleurs l’étrange précaution de faire placer dans la chambre du malade, comme pour suggestionner l’entourage, « plusieurs grands tableaux qui représentaient des personnes ayant la petite vérole, avec les divers périodes de cette maladie ».

Les honneurs rendus au pontife mort furent plus grands encore que de son vivant : sur l’ordre de Kien Loung, son corps fut placé dans un double cercueil de cuivre et d’or et porté à bras d’homme jusqu’à Trachiloumpo, où un mausolée lui fut élevé ; et en énumérant, dans sa lettre précitée au Dalaï-Lama, les cérémonies funèbres ordonnées par lui, l’Empereur répète avec insistance combien sa douleur fut grande en apprenant la mort de son vénérable ami. Bogle n’avait pu d’ailleurs rejoindre celui-ci à Pékin, car, par une coïncidence singulière, il était, presque à la même époque, atteint et emporté par la petite vérole à Calcutta, âgé de trente-quatre ans.

Le Grand-Lama mort en 1780 se réincarna, l’année suivante, dans le corps d’un enfant qui prit le titre de Jebstan pahi-nima et fournit une longue carrière jus-