Page:Bonin - Les royaumes des neiges, 1911.djvu/115

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

réclamait la venue du pontife : non sans raison, ce dernier, comme s’il prévoyait le destin, craignait d’entreprendre ce voyage, malgré les invitations aussi flatteuses que réitérées de son suzerain.

Il s’y décida cependant en 1779 et partit avec une suite de 1 500 cavaliers et un grand nombre de serviteurs. Le gossaïn Pourounghir dont il se fit accompagner, d’une part, et Kien Loung lui-même, dans une lettre adressée au Dalaï-Lama, de l’autre, ont donné le récit de son long voyage et des honneurs extraordinaires avec lesquels l’Homme-Dieu fut traité au cours de sa route à travers le Tibet septentrional et la Mongolie. L’Empereur, qui résidait pour la saison à Jehol, descendit de son trône et fit quarante pas à sa rencontre, et dans les entretiens qui suivirent, tant à Jehol qu’à Pékin où ils se rendirent ensuite, le Grand-Lama, fidèle à une promesse faite à Bogle, fit part à Kien Loung du désir des Anglais d’entrer en relations avec les Chinois par son intermédiaire.

« Le Lama, rapporte la relation de Pourounghir, dit beancoup de choses à ce sujet, et l’Empereur lui répondit qu’il accédait volontiers à ce désir et qu’il serait charmé d’avoir une correspondance avec le gouverneur de l’Indoustan ; que, pour le convaincre de la sincérité de ce qu’il disait, il était prêt à écrire à ce gouverneur une lettre telle qu’il plairait au Lama de la dicter ; mais que si le Lama l’aimait mieux, afin d’établir plus solidement les liaisons d’amitié qu’il proposait, la lettre serait écrite pour le temps qu’il quitterait la Chine, parce qu’il l’emporterait lui-même et qu’il se chargerait de la faire passer, comme il le jugerait convenable, au gouverneur de