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92 LES ROYAUMES DES NEIGES

pléter le traité de l’année précédente ; le principal obstacle aux transactions tenait au monopole du transit entre le Tibet et le Bengale que se réservaient jusqu’ici le Deb radja et ses ministres : Bogle réussit à faire admettre que les marchands hindous et musulmans seraient libres de traverser le Bhoutan, à l’exclusion des Européens, Anglais compris, pour qui l’entrée restait interdite ; de plus, les Bhoutanais gardaient pour eux seuls le commerce du santal, de l’indigo, des peaux, du tabac, du bétel et des vases de fer, dont l’importation par caravaniers étrangers était prohibée.

En janvier 1775, Hamilton, le second de Bogle, revenait au Bhoutan, chargé d’une nouvelle mission par la Compagnie, et arrivait à Punakha, la capitale d’hiver, en avril 1776 et à Tachicho-djong, celle d’été, le mois suivant. Il s’agissait, cette fois de régler la situation des districts d’Ambari-Falakola et de Jalpaich, que le Bhoutan réclamait sur sa frontière Sud-Ouest et qu’Hamilton lui fit rendre, probablement pour assurer par cette marque de bon vouloir l’exécution des arrangements commerciaux qui venaient d’être conclus, bien qu’au dire des écrivains anglais les droits du Bhoutan sur ces deux cantons fussent impossibles à soutenir (quite intenable).

Hamilton, l’année suivante, fut renvoyé une troisième fois au Bhoutan, où il devait être tenu pour persona grata, afin de présenter les félicitations de la Compagnie au nouveau Deb radja qui venait d’être nommé. De son côté, le Grand-Lama de Trachiloumpo, qui paraît avoir été véritablement intéressé, sinon séduit, par Bogle, avait arrangé avec celui-ci de le retrouver à Pékin, où l’empereur Kien Loung