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88 LES ROYAUMES DES NEIGES

du meurtre du radja local, encore enfant, par le gossaïn (religieux hindou) Ramanand pour exécuter celui-ci et choisir eux-mêmes un nouveau prince. Ce dernier ayant mécontenté ses protecteurs en mettant à mort son ministre, le Diwan-deo, les Bhoutanais envahirent le pays, enfermèrent le nouveau radja et mirent son frère sur le trône ; mais à la mort de ce prince les gens du Koutch-Bihar reprirent pour roi le fils du prisonnier, Darendra, et le Deb Jidar, toujours maître du gouvernement du Bhoutan, irrité de cet acte d’indépendance et d’hostilité, envoya de nouvelles troupes qui emmenèrent en captivité Darendra et son frère, ce dernier remplissant les fonctions de Diwan-deo (1772).

Le Koutch-Bihar se tourna encore une fois vers le Bengale et son appel fut accueilli par les Anglais, toujours heureux d’une occasion d’intervenir entre les états indigènes : un petit détachement, sous les ordres du capitaine Jones, puis du colonel Cunning, s’avança à travers la jungle qui borde le pied des montagnes et réussit à repousser les envahisseurs du Koutch-Bihar et à leur enlever trois des forts gardant les passes de l’Ouest.

Le Bhoutan, à son tour, s’adressa au Tibet qu’administrait alors le Grand-Lama de Trachiloumpo en qualité de régent et tuteur du Dalaï-lama encore mineur ; la lettre que ce pontife adressa par une ambassade au gouvernement de Calcutta nous a été conservée : elle demandait, en termes aussi flatteurs qu’habiles, que ce dernier voulût bien accorder la paix au Bhoutan[1]. C’était une trop belle occasion

  1. Des deux messagers qu’on put trouver au Bhoutan pour affronter la chaleur des plaines, l’un était un Tibétain nommé