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LE BHOUTAN INCONNU 87

1840, le roi du Nepâl Vikram Sâh demanda à Pékin l’autorisation de prélever sur la frontière du Bhoutan l’emplacement d’un camp pour surveiller la route du Tibet ; il lui fut répondu par décret impérial qu’il était « impossible de céder au roi dix lis du territoire de Pouloukopa (Brouk-pa = Bhoutan), car cet état ne dépend pas du Tangout (Tibet) et est en quelque sorte indépendant[1]. »

Les Deb radjas chargés du gouvernement temporel avaient, en raison même des ressources matérielles dont ils disposaient, tendance à supplanter l’autorité des Dharma radjas, qu’ils cherchaient à confiner dans l’exercice spirituel du pouvoir suprême, et l’un d’eux, l’entreprenant Deb Jidar, prit sur lui vers 1770 d’envahir le Sikhim voisin, qui fut occupé pendant six ou sept ans. Le jeune prince du pays s’enfuit au Tibet, où il fut élevé, et à sa majorité il réussit avec l’aide de Lha-sa à rentrer en maître au Sikhim, où il fonda, en témoignage de reconnaissance pour les lamas, le célèbre monastère de Pemiongchi. Un de ses vassaux, qui avait été enlevé par les Bhoutanais, fut remis en liberté, mais resta l’ami de ces derniers, et son fils, quelques années plus tard, leur vendit par trahison une partie de son territoire qui resta dès lors incorporée au Bhoutan, formant les districts de Daling, Jongsa et Sang-be.

L’autorité du Grand Mogol ayant été remplacée au Bengale par celle de la Compagnie des Indes, les Bhoutanais, qui n’avaient pas renoncé à intervenir dans le gouvernement du Koutch-Bihar, profitèrent

  1. Cf. Boutan and Tibet in relation with China, in China and Japan Rép., mai 1865, réimprimé in North China Herald, 1er juillet 1865.