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86 LES ROYAUMES DES NEIGES

longue campagne, par le Nazir-deo Santa Narayan aidé par le vice-roi mahométan qui gouvernait le Bengale pour le compte du Grand Mogol.

De son côté, l’empereur Kien Loung ayant définitivement rattaché le Tibet à la Chine et imposé des résidents mandchous à Lha-sa, ceux-ci ne tardèrent pas à réclamer un droit de contrôle sur le Bhoutan lamaïque, droit qui fut attesté à partir de 1736 par la remise régulière d’une lettre d’investiture et d’un sceau spécial au Dharma radja, à l’exemple de ce qui se pratiquait à Lha-sa lors du choix d’un Dalaï-lama. De plus, une lettre officielle était envoyée par eux chaque année au souverain du Bhoutan et à ses agents, leur recommandant d’être exacts à remplir leurs devoirs, à réprimer promptement toute tentative de désordre et à avertir immédiatement en cas d’invasion étrangère, sous peine d’une amende qui fut, en un cas, fixée et payée au taux de 10 000 roupies. Des présents étaient échangés à l’occasion de ce message : vingt pièces d’or envoyées du côté chinois, 33 charges de riz, de pièces de soie et de coton, le tout d’une valeur de 3 000 roupies, du côté du Bhoutan ; la Chine, en retour, offrait un présent supplémentaire d’écharpes brodées, de soieries, de coraux et d’ornements d’or et d’argent.

Le grand prestige dont le gouvernement de Pékin a joui et jouit encore en Asie fait que ses instructions étaient toujours reçues avec respect et obéissance, bien que n’étant soutenues par la présence d’aucun représentant impérial au Bhoutan. Bien plus, un texte précis et incontestable, puisqu’il émane de l’Empereur chinois lui-même, montre que celui-ci reconnaissait la quasi-indépendance de ce pays : en