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LE BHOUTAN INCONNU 85

tecte des bâtiments d’état et des couvents, surveillant des ateliers de reliure (des livres religieux) et des autres ornements de la collection du Kah-gyour (Kandjour, l’encyclopédie théologique du lamaïsme), agent de colonisation, commandant en chef de l’armée contre les agressions étrangères, protecteur et législateur de son parti, champion et vengeur du bouddhisme et de la paix publique. Il était tout cela en une seule personne et remplissait tous ces devoirs exactement et efficacement. Il introduisit le règne de la loi dans le Bhoutan sans loi. Son orgueil était de n’avoir jamais dépensé une heure dans la paresse ou le plaisir personnel. »

À sa mort survenue en 1592, suivant la doctrine des survivances qui venait d’être appliquée aux Grands-Lamas du Tibet son corps se réincarna à Lha-sa dans un enfant, qui fut envoyé au Bhoutan et qui devint le second Dharma radja sous le nom de Nagwan Jigmed rtag-pa, tandis que son « verbe » passait dans le Chole Toulkou et sa pensée dans le Thi Rimpotche : ce n’était pas trop de ces trois avatars pour faire revivre la forte personnalité du véritable fondateur religieux, civil et militaire de l’état bhoutanais.

On possède la liste des successeurs du premier Dharma radja, qui devaient étendre peu à peu leur pouvoir jusqu’aux limites actuelles du pays ; pour suivre cette politique, les Bhoutanais firent en 1695 une descente sur le Koutch-Bihar et s’y emparèrent du gouvernement jusqu’à leur expulsion, après une