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84 LES ROYAUMES DES NEIGES

Dharma radja (seigneur de la loi) et celui, tibétain, de Rimpotche (joyau) à l’imitation des Grands-Lamas de Lha-sa et de Trachiloumpo[1], fit bâtir la plupart des monastères et des forteresses qui forment encore, dans la partie occidentale, les seuls centres habités du pays : Simtoka, Paro, Punakha, Angdou-phodang, Tachicho-djong, et à l’Est le premier fort de Tongsa pour défendre de ce côté sa frontière.

Deux lamas, qui étaient venus avec lui de Raloung, furent délégués à la tête de l’administration spirituelle et temporelle qu’il avait fondée sur ses nouveaux domaines. Le premier eut le titre de chef « khampo » ou abbé et fut chargé de la surveillance des études et de la conduite du clergé, ainsi que de la présidence des cérémonies religieuses ; l’autre, qui prit par la suite le nom de Deb radja, eut autorité sur l’administration, les finances, l’entretien des lamas et des fonctionnaires et les relations avec les étrangers. Quant à Shabdoung lui-même, tant qu’il vécut, il garda la direction suprême avec la conduite des expéditions militaires et, pour citer les chroniques locales :

« Dans les intervalles de paix, le Dharma radja se consacra avec toute son énergie à ses différentes charges, fondant un corps de prêtres, organisant leur subsistance et leur contrôle, donnant des directions à ceux qui se proposaient sérieusement de chercher la vérité ; en un mot, il se montra à la fois pasteur, abbé, psalmiste, recteur, directeur d’imprimerie (pour la publication des livres sacrés), archi-

  1. Aussi les Tibétains, pour le différencier de ceux-ci, le nomment-ils Jigten Gampo (le seigneur du monde).