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LES ROYAUMES DES NEIGES 80

bablement de Perse à une époque bien postérieure, comme l’indiquent les noms d’Afrasiab et de Sangaldip qui, sous la forme Sangal, se retrouvent dans le « Livre des Rois » de Firdousi ; mais il est certain que le petit état de Koutch-Bihar, placé au Sud du Bhoutan, a eu avec celui-ci des relations plus étroites que toute autre partie de l’Inde, et il lui aurait même fourni sa population primitive, les Tephous, antérieurs aux Bhoutias et sans doute de race lepcha.

C’est, comme presque toujours, à la Chine qu’est due la première notion historique précise sur le Bhoutan : vers 640, le célèbre pèlerin chinois Hiouen Tsang visita le royaume de Kamaroupa, qui semble avoir compris l’Assam et une partie du Bhoutan, mais il y séjourna trop peu pour convertir au bouddhisme, comme il l’avait espéré en entreprenant ce voyage, les habitants qui, dit-il, adoraient les Dévâs.

La religion du pays était en effet celle des Böns ou Peunbos, dérivée du vieux chamanisme turk, qui a précédé au Tibet le lamaïsme et y subsiste encore à côté de lui, étant professée par la secte des lamas noirs. La conversion des Böns à la loi du Bouddha est due en grande partie à la prédication de Padma Sambhava, le célèbre missionnaire hindou qui franchit les Himalayas au viiie siècle pour y porter sa foi ; le Bhoutan lui fait hommage aussi de sa conversion, mais il semble bien que, s’il est venu à Lha-sa par le Nepâl et s’il est retourné aux Indes par le Zanskar (Ladakh méridional) d’après son hagiographie, déjà fortement teintée de romanesque, il ne soit jamais


    quêtes du roi tibétain Srong Tsan Gampo, qui à cette époque étendit son empire au Sud sur l’Assam et le Nepâl.