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78 LES ROYAUMES DES NEIGES

mais la comparaison des textes montre qu’ils n’étaient tenus pour Aryas que par l’adoption religieuse, non par le sang. On les voit figurer d’abord dans le Sapta-Sindhou (le pays des sept rivières, le Punjab actuel) puis à l’Ouest de la Yamouna (Djamma) entre le Satadrou (Satledj) et les monts Vindhya. Leur nom reparaît au moyen-âge comme nom de race, de tribu ou même de lignée royale ; le moine tibétain que le roi Srong Tsan Gampo envoya au viiie siècle aux Indes, d’où il rapporta les livres bouddhiques et l’alphabet devanâgari, est appelé Thon-mi Sambhota, et ce dernier nom signifiant en sanscrit : le bon Tibétain, montre que l’usage du mot Bhota est bien antérieur à l’exode du bouddhisme fuyant devant l’Islam[1].

Les Bhoutias ou Bhôtyas, s’ils sont dénommés ainsi par les Hindous, ne portent pas eux-mêmes ce nom : les Tibétains les désignent sous celui, géographiquement exact, de Lho-pa ou Lho-rig « les gens du Sud », les Lepchas sous celui de Prou, qu’on suppose venir du tibétain Broug : Droug « le dragon du tonnerre » ou de Paro, l’une de leurs capitales. Eux-mêmes se nomment Droug-pa, d’après la secte lamaïque à laquelle ils appartiennent et qui porte ce nom où se retrouve le Droug précité : ils seraient donc « les hommes du dragon du tonnerre », ce que M. Waddell interprète en rappelant que le Bhoutan est la région la plus orageuse de l’Himalaya.

Les Droug-pa se divisent en clans désignés par des titres ou des noms de lieux, clans entre lesquels l’exogamie est de rigueur ; à côté d’eux d’autres

  1. On le trouve aussi, sous la forme Bhotta, dans une inscription du roi népâlais Civadévà datée du commencement du viiie siècle de notre ère (Sylvain Lévi, Le Nepâl, t. II, p. 168).