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L’HONORABLE B. JOLIETTE.

jamais on ne vit son cœur et sa bourse fermés devant l’infortune ou la misère.

Type de la femme forte et accomplie, on la voyait dès l’aurore, occupée aux soins de sa maison qu’elle dirigeait à la tête de ses servantes. Un pauvre frappait-il à la porte du manoir ? Elle-même allait s’informer et du motif de sa visite et des détails de son indigence. Elle s’affligeait avec lui, au récit de son malheur ou de ses privations. Là ne s’arrêtait pas sa sympathie et sa charité ; car, après l’avoir fait manger en le servant elle-même, elle ne manquait pas de le gratifier encore d’une abondante aumône.

Un jour c’était en l’absence de son époux. La seigneuresse assiégée par un certain nombre de mendiants, n’avait su résister à l’entraînement de son bon cœur : d’une aumône à l’autre elle avait donné jusqu’à quatorze minots de blé ! À la fin de la journée, réfléchissant qu’elle avait peut-être plus consulté sa générosité que sa discrétion, elle craignait de recevoir des reproches à cause d’une pareille prodigalité. Son inquiétude était assez vive. Pour prévenir la réprimande, elle avait chargé un ami d’avertir son époux de ce qui était arrivé.

En apprenant cette conduite, celui-ci vint la trouver, et la félicitant sur sa bonne action :